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L’année 2020 vient de se terminer ! Elle n’aura pas permis de réaliser ce que j’écrivais dans ma dernière lettre : l’ouverture de l’Hôpital Sainte-Anne au mois de juillet dernier, moment tant attendu par tous !
Si la pandémie n’a pas été aussi grave que nous le redoutions, elle est bien présente ici aussi. Dès le mois de mars, les autorités ont décidé de fermer les frontières et d’instaurer un confinement qui a duré près de 9 mois. Il n’y avait plus la possibilité de circuler dans le pays, en particulier d’une région à l’autre. Madagascar a continué à vivre mais les situations de pauvreté dans les grandes villes n’ont fait que s’accentuer. De nombreuses personnes ont quitté la capitale pour rejoindre leur province d’origine par peur du virus ou parce qu’elles n’avaient plus de travail voire plus rien à manger. Il y avait 18 001 cas déclarés et 267 décès à la date du 11 janvier 2021. Il ne fait pas de doute que Madagascar est bien moins touché que la plupart des pays. S’il y a, ces derniers temps, une légère augmentation des cas, il est encore trop tôt pour parler de seconde vague. Les tests de séroprévalence effectués par l’Institut Pasteur de Tananarive et le ministère de la Santé révèlent une immunité collective proche de 40 %. Le port du masque est obligatoire et les autres mesures barrières sans cesse rappelées.
Après cette longue période sans pouvoir circuler, je suis allé dans la capitale en décembre dernier. J’ai été agréablement surpris de voir que la population portait majoritairement un masque. Tout un artisanat s’est mis en place pour la confection des masques qui semblent de qualité.
Ici à Mananjary, nous devrions aussi le porter ! Ce n’est pas le cas… sauf les jours où la police en fait obligation. Il n’y a pas eu 10 cas avérés et aucun décès d’où, sûrement, ce relâchement. Je porte le masque lorsque je vais au marché en ville où la promiscuité est importante. Le site fait près de 10 ha et les ouvriers ne m’approchent pas à moins de 2 mètres. Dans le fond, nous sommes naturellement isolés avec cette impression qu’il ne se passe rien. Je n’en demeure pas moins vigilant aussi bien pour moi que pour les ouvriers. Le plus difficile a été et reste l’arrêt des avions, en particulier si nous devions partir pour une raison de santé. Depuis le mois de mars, les seuls avions autorisés servent aux rapatriements dans un sens ou dans l’autre. Un très grand nombre d’expatriés sont partis. Dieu soit loué, tout se passe pour le mieux pour l’instant… même si nous avons connu quelques moments angoissants…
Pendant ce temps de confinement, le chantier a normalement continué. À aucun moment, les travaux n’ont été arrêtés.
Près de la maison d’accueil et de celle du directeur, nous avons construit un bâtiment pour la rizerie et le stockage du riz, la miellerie, une cuisine extérieure à la maison d’habitation au cas où elle serait complètement occupée lors des missions médico-chirurgicales.
Sur la colline arasée près de cette maison, nous avons également terminé la construction d’un poulailler pouvant recevoir une quarantaine de pondeuses. La cuisine de l’hôpital aura besoin d’œufs pour les repas des malades. Il reste encore à faire une clôture pour que les poules soient aussi à l’extérieur et avoir ainsi un élevage de qualité. Les œufs sont chers à Madagascar. Les gens en mangent peu !
Sur cette même colline, nous venons de commencer la construction d’une nouvelle maison dite des coopérants. Il y aura trois studios : un pour un couple et deux pour des célibataires.
Les fondations en béton armé ont pris du temps avec la confection des coffrages en planches. L’élévation des murs est commencée. Sur la lettre de l’année dernière, je précisais quel serait le rôle nécessaire et important des coopérants. Les Volontaires des Missions Étrangères (coopérants comme nous continuons de le dire ici à Mananjary) étaient nombreux à Madagascar. La plupart d’entre eux ont été rapatriés dès le début de la pandémie. Si très peu ont fait le choix de rester, le temps de leur séjour s’est terminé et ils sont repartis par avion de rapatriement. Nous attendons impatiemment la réouverture des lignes aériennes pour les accueillir de nouveau.
De nombreux amis de France métropolitaine ou de La Réunion venaient régulièrement nous prêter main-forte. Cela fait maintenant plus d’un an que personne n’a pu venir. Avec la fin des plus gros travaux, la continuation des finitions et tout ce qui est nécessaire sur le plan administratif, du recrutement, des mises en place intérieures (mobilier, instruments, consommables etc.), devient anormalement lourd pour moi. Il me faut, tout simplement, plus de temps !
La station d’épuration biologique est prête à fonctionner mais la plomberie n’est pas encore terminée pour la mettre en fonction.
La plomberie d’HSA nécessite des compétences que je ne trouve pas sur place pour un matériel et des accessoires inconnus des habitants de Mananjary comme la pose de lave-bassins de malade, lavabo chirurgical et autres matériels médicaux. Faire venir des gens compétents de la capitale serait trop onéreux pour notre budget. Je prévoyais des aides extérieures.
Notre ami plombier français en Touraine, Christophe, qui se fera un plaisir de découvrir Madagascar et l’Hôpital Sainte-Anne reste impatient de nous rejoindre.
Pour les distributions électriques intérieures, c’est la même chose. Des accessoires spécifiques, modèle hospitalier, sont en rupture de stock ; nos amis d’Électriciens Sans Frontières qui soutiennent le projet « électrification de l’Hôpital Sainte-Anne », ont fait le nécessaire pour que ce matériel nous parvienne sans tarder. Si notre agent de maintenance, Jolin, peut faire des travaux électriques, il n’est pas électricien de formation et ne peut donc pas tout faire.
La mort accidentelle en planeur le 31 août dernier dans le Gers de Serge Labadie (originaire du Lot et Garonne et membre de l’ADRAR qui a soutenu le projet de l’eau potable et la station d’épuration) a été un choc brutal. Serge faisait toutes les distributions électriques de l’Hôpital avec compétence depuis plusieurs années, et plusieurs mois par an, pour un résultat de grande qualité. Il me secondait dans de nombreuses autres tâches et me permettait de m’absenter. S’il n’y avait pas eu de confinement, il aurait dû être là au mois de juin 2020. La mort brutale et prématurée de Serge, l’impossibilité de venir de nombreux autres amis pour nous prêter main-forte se fait sentir. Cette situation a des répercussions à la fois sur les finitions et sur la mise en place de tout le nécessaire pour le fonctionnement de l’Hôpital à l’intérieur. Bien sûr, cela se fera mais tout reste une question de temps !
Au mois de février 2020, quelques semaines avant la pandémie et le confinement, une entreprise de la capitale est venue terminer l’installation des fluides médicaux. Elle est prête à fonctionner. On peut le voir sur nos sites de l’Atahsam et de l’Alehsam avec un reportage de photos légendées. Au cours de ce même mois, une autre entreprise installait la cuisine de l’Hôpital. Tout s’est arrêté le mois suivant !
L’entreprise, toujours de la capitale, programmée au mois de mars pour l’installation des machines pour la climatisation, le renouvellement et la surpression de l’air des deux blocs opératoires et la salle de réveil-réanimation est enfin là en ce mois de janvier pour une vingtaine de jours.
Ces travaux importants et coûteux sont le cœur de l’Hôpital. Tous ont été pris en charge par les associations qui nous soutiennent financièrement depuis le début, nous accompagnent et sans lesquelles il nous aurait été impossible d’en arriver à une structure de qualité qui réponde aux normes optimums que nous nous étions fixées.
En ce qui concerne l’aseptisation des blocs opératoires et de la salle de réveil-réanimation, les machines nécessaires n’ont pas été prises en charge par une association. J’ai pu honorer cette très importante facture grâce à l’aide d’un legs qui a été fait à l’Hôpital Sainte-Anne par l’intermédiaire des Missions Étrangères de Paris, société de prêtres missionnaires à laquelle j’appartiens. Ce legs est arrivé à un moment providentiel. Il l’est d’autant plus que par le biais des MEP, il fut ainsi exonéré de tout impôt ou taxes. Ce legs est heureux car je ne fus pas obligé de « prendre » dans le budget du futur fonctionnement de l’Hôpital avant que nous nous acheminions vers la création d’une Fondation une fois qu’il sera ouvert car nous nous souvenons qu’il est d’abord destiné à ceux qui n’ont rien et ne peuvent donc pas le faire vivre. Inlassablement, nous continuons ce qui reste à faire !
L’Hôpital Sainte-Anne est devenu aussi, au fil du temps, « le vôtre ». Tout cela, grâce à votre fidèle générosité sans laquelle rien n’aurait été possible. Le meilleur moyen de vous en remercier et de vous dire toute notre gratitude avec Mgr Alfredo mon évêque, est de vous le montrer en pleine action ! Après plusieurs mois d’arrêt, le recrutement est quasiment terminé. Cela me permet de travailler au dossier de demande d’ouverture que nous devons présenter au ministère de la Santé à qui nous devons fournir un très grand nombre d’éléments pour un agrément qui paraîtra au journal, officiel de Madagascar.
Cette lettre que je vous adresse chaque année a pour objectif de dire l’histoire continue, depuis toutes ces années, d’une extraordinaire aventure (dans le sens premier d’une chose qui doit arriver). Une aventure dans laquelle, par votre généreux et fidèle soutien financier, par la venue de ceux qui le peuvent pour nous apporter leur savoir et leurs compétences ou par les dons de qualité en matériels médico-chirurgicaux qui permettront à l’Hôpital d’être superbement doté pour le pays. Nous sommes tous acteurs, ensemble et magnifiquement impliqués là où nous sommes. Nous connaissons l’objectif final ! Nous sommes, ensemble, encore une fois, impatients de le réaliser au cours de cette année 2021 même si nous savons qu’elle sera compliquée pour tout le monde !
Pour terminer, laissez-moi vous redire mon admiration ! L’année écoulée a été très dure pour tout le monde et pourtant, vous êtes demeurés présents de tant de manières à ce beau projet de l’Hôpital Sainte-Anne même si des limites nous ont été imposées. Cette fidélité, « malgré tout », m’a été précieuse alors que cela fait plus d’une année que je ne vois plus personne et que je suis, en quelque sorte, « bloqué sur place » !
De tout cœur, je vous souhaite une belle et bonne année en espérant que personne ne soit gravement touché dans sa chair ou dans ses relations par ce virus dont nous espérons vivement qu’une vaccination généralisée, fiable, efficace, pour tous et partout, sans effets secondaires graves et irréversibles, nous permette de vivre et de réaliser toutes ces belles choses auxquelles nous aspirons !
Jean-Yves
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